Domingo Cavallo

 C’est sous la dictature militaire (1976-1983) - qui a fait assassiner plus de 30 000 personnes - que la dette publique extérieure a bondi de 8 à 43 milliards de dollars, jetant le pays dans une spirale infernale. Durant cette période, la doctrine de sécurité nationale impose la phase préparatoire au plan d’ajustement. Le général-président Jorge Videla, le ministre de l’Économie Martinez de la Hoz, un cadre du fonds monétaire international au service du régime, M. Dante Simone, ainsi que le président de la Banque centrale, un certain… Domingo Cavallo occupent les rôles principaux.

C’est au même Domingo Cavallo que le gouvernement du péroniste Carlos Menem demande, en 1991, de terrasser l’hyperinflation. Béni par la communauté financière internationale, artisan d’une « révolution économique » dont les réformes figurent parmi les plus radicales du continent, celui-ci applique rigoureusement les lettres d’intention des experts de Washington : démantèlement du secteur public à travers le licenciement de dizaines de milliers de fonctionnaires, privatisations, libéralisation de l’économie et des échanges extérieurs, hausse des taux d’intérêt. M. Cavallo invente le système de convertibilité, une parité fixe entre le dollar et le peso - qui deviendra un carcan pour les exportations.

Lorsque le président de centre Fernando de la Rúa est élu, le 24 octobre 1999, la démocratie n’est plus que la façade élégante du meilleur élève du néolibéralisme, géré par une administration corrompue au-delà de l’imaginable (2). Rappelé aux affaires le 20 mars 2001, l’artisan du « miracle » des années 1990, M. Domingo Cavallo, obtient du Parlement des pouvoirs spéciaux et fait passer, le 30 juillet, la « loi du déficit zéro ». Entre autres mesures, les traitements des fonctionnaires et certaines pensions de retraite sont réduits de 13 % en juillet. Le projet de budget 2002 prévoit une diminution des dépenses de 18,6 % - 9,2 milliards de dollars - par rapport à celui de 2001.

Depuis le début des années 1970, la dette extérieure est passée de 7,6 à 132 milliards de dollars (certaines estimations la chiffrent à 155 milliards de dollars), sans parler des 40 milliards de dollars encaissés par l’Etat en raison des privatisations et évaporés…. Entre-temps, le chômage est passé de 3 % à 20 % ; l’extrême pauvreté de 200 000 personnes à 5 millions ; la simple pauvreté de 1 million de personnes à 14 millions ; l’analphabétisme de 2 % à 12 %, et l’analphabétisme fonctionnel de 5 % à 32 %…

Mais la fortune placée à l’étranger des dirigeants politiques, syndicaux et du patronat atteint 150 milliards de dollars. L’« élève modèle » du néolibéralisme aura constitué un cas d’école en tout : dans le larcin et dans ses désastreux effets sociaux. « Le Monde »affirme que “le principal allié ” des nombreux banquiers qui ont sorti leur argent du pays a été Domingo Cavallo, le superministre de l’Économie des années 1990, qui détenait ce portefeuille en décembre 2001 et qui a inventé « le corralito « : « Cavallo a attendu que les banquiers exportent leurs dollars avant de freiner la fuite des capitaux, quand il ne restait plus que les dépôts bancaires des petits épargnants. »

COLLECTIF  ARGENTIN  POUR  LA  MEMOIRE

PARIS, 8 décembre 2008

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